Ça suffit ! Enfants à la rue à Paris : chaque arrondissement doit assumer ses responsabilités. L'État aussi.

Lettre ouverte d'Emmanuel Grégoire et d'Éric Pliez

Samedi 15 novembre 2025

Ça suffit ! Enfants à la rue à Paris : chaque arrondissement doit assumer ses responsabilités. L'État aussi.

Depuis trois jours, plus de 200 personnes, dont 70 enfants, sont installées sur le parvis de la mairie du 20ᵉ arrondissement. Aux côtés d'Utopia 56 et des équipes mobilisées de la mairie du 20ᵉ arrondissement, de la Mission urgence sociale de la Ville de Paris (MUS), de l'Unité d'assistance aux personnes sans abri de la Ville de Paris (UASA) et de la police municipale, nous faisons face à une réalité devenue trop familière mais pourtant inacceptable : celle de familles contraintes de s'installer dehors, faute d'une prise en charge digne et pérenne par l'État, dont c'est la compétence légale.

Face à la situation de ces familles, nous ne pouvons plus attendre. Les personnes concernées, les Parisiennes et les Parisiens désespèrent de voir les pouvoirs publics se renvoyer les responsabilités. Nous avons des propositions à mettre sur la table pour répondre à l'urgence de la situation.

L'occupation du parvis de la mairie du 20ᵉ arrondissement est la cinquième installation de ce type depuis janvier 2025. Face à l'inaction de l'État, la Ville de Paris assume ses responsabilités et prend en charge des centaines de familles. Aujourd'hui, plus de 1 300 personnes sont mises à l'abri par la Ville dans des bâtiments municipaux transformés en lieux d'accueil d'urgence et des gymnases détournés de leur vocation sportive pour faire face à l'urgence. Plus de 30 millions d'euros ont été ainsi engagés par la Ville pour la seule année 2025.

La crise de l'hébergement d'urgence dépasse désormais largement la capacité d'agir de la municipalité. Elle est le symptôme d'un désengagement profond de l'État, qui révèle aussi une inégalité territoriale devenue intolérable : quelques collectivités assument, presque seules, la charge de la solidarité, pendant que d'autres s'en exonèrent.

Reposant sur une trop faible équité territoriale, cette situation n'est plus soutenable.

Ne détournons plus le regard : il est possible de mettre à l'abri les enfants dormant dans les rues de Paris comme en France si la solidarité est organisée :

  • Par la planification pluriannuelle du nombre de places d'hébergement financées par l'État dans les différents territoires en France, grâce à une clé de répartition publique qui doit tenir compte des efforts réalisés et de la richesse des territoires.

  • Par la sanction financière des territoires qui ne jouent pas le jeu, comme c'est le cas pour le logement social.

À Paris, le territoire de référence doit être l'arrondissement. Chaque maire doit désormais assumer publiquement ses responsabilités dans l'atteinte de l'objectif du nombre de places d'hébergement par habitant.

Il n'est pas tolérable de voir des maires s'opposer à la création de places quand cette obstination a pour conséquence que des enfants dorment dehors.

En attendant ces évolutions, et dans l'urgence, l'État a le pouvoir et le devoir de réquisitionner des lieux de prise en charge pour mettre en sécurité les familles qui sont sur le parvis de la mairie du 20ᵉ arrondissement. Pas une nuit de plus dehors n'est tolérable.

Emmanuel Grégoire, député de la 7ᵉ circonscription et candidat à la mairie de Paris Éric Pliez, maire du 20ᵉ arrondissement de Paris